EDITO

Le temps des réconciliations

On l’appelait la guerre oubliée. La guerre au Yémen qui dure depuis plus de huit ans, revient au devant de la scène, et cette fois pour parler de paix. Une paix à bout de mains qui n’a jamais été aussi proche. Ainsi depuis le rapprochement spectaculaire et inattendu entre l’Arabie saoudite et l’Iran le 10 mars dernier à Pékin, tous les espoirs semblent permis.

Cette guerre fratricide au Yémen a eu des conséquences désastreuses à tous les niveaux. Selon un décompte de l’ONU, on comptabilise en ces huit ans d’affrontements d’une rare violence des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. A cela s’ajoute une grave situation marquée par de nombreuses épidémies, un manque d’eau potable généralisé et une faim aiguë qui touche des millions de Yéménites.

Mais la tendance aujourd’hui penche clairement vers l’apaisement , et l’espoir de mettre fin au conflit n’a jamais été aussi proche que ces derniers temps. Il faut dire que le temps est plutôt aux négociations et aux pourparlers. Les Saoudiens ont repris langue avec les houthis. et ces derniers ont fait preuve d’une grande disponibilité à travailler pour une sortie de crise à travers ces discussions que le président du conseil politique des rebelles houthis, Mahdi al-Mashat, a qualifié de « positives », alors que le ministère saoudien des Affaires étrangères a annoncé que les discussions « se poursuivront dans les plus brefs délais afin de parvenir à une solution politique globale ».

L’échange massif de prisonniers entre Sanaa, tenue par les houthis soutenus par l’Iran , et Mairib , tenue par le pouvoir yéménite, soutenu par l’Arabie saoudite, vient confirmer cette séquence de grande détente. On parle ainsi de la libération de près de mille détenus des deux camps dans un laps de temps très court, comme si les parties en conflit veulent sincèrement tourner la page de cette horrible guerre au plus vite, et aller vers une solution politique négociée capable de ramener la paix dans ce pays meurtri et exténué par des affrontements sans fin.

Le réchauffement entre Téhéran et Riyad, s’il se confirme dans le temps, et au-delà du conflit yéménite, changera diamétralement la donne dans cette région du monde et ouvrira des perspectives jamais connues auparavant. La visite hier du MAE saoudien à Damas est une preuve de plus d’un changement en profondeur attendu aussi bien au Mashrek qu’au Maghreb arabes. Il reste à indiquer que ces profonds bouleversements se font en l’absence quasi totale des Occidentaux et notamment de Washington. Une première au Proche-Orient, puisque cette fois c’est Pékin qui est aux manettes.

Abdelmadjid Blidi

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