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Sommet arabe d’Alger:
Les pitoyables errements de la diplomatie du Makhzen

L’une des causes de nanisme politique marocain tient dans la désastreuse prestation du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce dernier a multiplié les tentatives clownesques de faire dévier le Sommet de son tracé. Et la dernière de la série a été cette prétendue invitation adressée par le roi du Maroc au président Tebboune pour effectuer une visite au Maroc.

Le Sommet d’Alger, clos depuis quatre jours est, de l’avis de tous, un authentique succès algérien et arabe. La cause palestinienne s’est trouvée confortée par les résolutions du Sommet et surtout grâce à la réconciliation entre les 14 factions palestiniennes scellée à Alger. Un acte majeur qui fait dire à tous les observateurs que tout le monde est sorti gagnant de cette rencontre, notamment la Syrie, le Liban et d’autres nations dont les problématiques ont été soulevées et des pistes de solutions préconisées. La vérité est qu’aucun pays arabe n’a été frustré. Tout le monde a gagné au change lors du Sommet d’Alger, à l’exception d’un seul pays qui se trouve être le Maroc qui aura été le grand perdant de cet épisode historique de la vie de la nation arabe. Même pas évoqué lors des réunions ministérielles et au niveau des chefs d’Etat, le royaume de Mohamed VI était le présent-absent, une sorte de quantité négligeable, sans intérêt pour l’ensemble des délégations.

L’une des causes de nanisme politique tient dans la désastreuse prestation du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce dernier a multiplié les tentatives clownesques de faire dévier le Sommet de son tracé. Et la dernière de la série a été cette prétendue invitation adressée par le roi du Maroc au président Tebboune pour effectuer une visite au Maroc. Une fake news qui ne peut qu’inspirer un éclat de rire, tant les circonstances qui ont présidé à son invention relèvent du film politique de série B. Comment un roi qui décline l’invitation à assister à un Sommet, sans apporter aucun argument, peut-il prendre ce genre d’initiative ? La réponse est que ce roi doit être simple d’esprit ou alors, c’est le ministre qui a inventé la blague qui l’est. On ne peut raisonnablement pas oser pareille propagande autour d’un sujet aussi sérieux qui implique un protocole précis et un processus politique et diplomatique pré-défini et qui relève des us internationaux. On sent bien là une pirouette destinée à faire oublier les inconséquences diplomatiques de Rabat.

Il faut savoir à ce propos que la confirmation de la participation du monarque marocain au Sommet arabe d’Alger a été notifiée par note verbale adressée au ministère algérien des affaires étrangères et confirmée par le canal de la Ligue arabe. On en veut même pour preuve que le Maroc avait introduit des demandes de survol et d’atterrissage pour 10 aéronefs devant transporter le roi, le prince héritier ainsi que le reste de la délégation royale. Cette façon, faut-il le souligner, plutôt idiote, d’impressionner les autorités algériennes n’avait évidemment aucune chance de concrétisation. Et Bourita lui-même le savait. A son arrivée à l’aéroport d’Alger, il a commencé à se plaindre du « peu d’égard » qui lui aurait été réservé alors que le même traitement protocolaire a été accordé à tous ses homologues arabes.

Cela au plan de la forme. Dans le fond, il était clair que la centralité de la question palestinienne au cours du sommet historique d’Alger a mis le ministre marocain dans une posture très indélicate. Il lui était difficile de justifier la normalisation honteuse du Makhzen opérée sur le dos du peuple palestinien pour mieux servir ses vils desseins expansionnistes. N’ayant pas été à la hauteur de l’événement, le ministre marocain s’est adonné à son jeu puéril favori, en essayant de convaincre le Secrétaire général de la ligue arabe de la présence d’un représentant du Front Polisario parmi les participants au Sommet. Face à une telle énormité qui a fait rire, sous cape, de nombreux participants, ce même ministre a fini par reconnaître, la queue basse, que sa fine équipe s’était trompée. Ce comportement irresponsable, dont est coutumier le chef de la diplomatie marocaine, explique les turpitudes et les errements du Makhzen qui collectionne les revers.

Anissa Mesdouf

 

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