EDITO

Ne jamais effacer la mémoire

Il y a à peine 4 jours, les citoyens en Algérie et de l’émigration ont commémoré le massacre du 17 octobre 1961. Dans une dizaine de jours, ils célébreront le 67ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale. L’occasion pour se rappeler que le choix des armes et de la révolution pour laquelle avaient opté les cadres du mouvement nationale de l’époque n’était en réalité que la réponse à la violence inouïe du système colonial français. 9 ans avant le premier novembre 1954, la soldatesque coloniale et les colons avaient massacré plus de 45.000 algériens innocents sortis pacifiquement célébrer la fin de la 2e guerre mondiale.
La double célébration à moins de deux semaines d’intervalle intervient cette année dans un contexte politique des plus tendus dans les relations de l’Algérie avec l’ancienne puissance coloniale. Et pour cause, la France d’Emmanuel Macron continue de trouver quelques «qualités» à sa présence en Algérie. Le pouvoir ne le dit pas à haute voix, mais il est indéniable que la communication politique de ce pays n’est pas très nette, notamment sur la question des crimes coloniaux. L’on sent bien cette tendance à la «glorification» d’un passé pourri, non pas seulement dans les discours du président de la France, mais dans les travaux audiovisuels que l’on a produit tout au long des 59 dernières années.
Et pour cause, les documentaires français sur l’ère coloniale tentent systématiquement de trouver des circonstances atténuantes. En d’autres termes, ils veulent bien reconnaître la cruauté du système colonial, mais évoquent systématiquement l’alibi de la réaction à la violence révolutionnaire. Ils invitent leur auditoire à méditer sur des «faits» et font du Premier novembre 1954, le point de départ d’argumentaires. Les plus « osés » de leurs films documentaires sur l’Algérie effleurent à peine les très nombreux massacres. A commencer par les enfumades de la Dahra au 19e siècle, jusqu’aux assassinats par centaines d’Algériens le 17 octobre 1961, en passant par les massacres innommables du 8 mai 1945. C’est pour cette raison qu’il est impératif de commémorer toutes les dates douloureuse de la nuit coloniale.
On pourrait nous répliquer, comme le fait d’ailleurs gauchement le président Macron, que le monde a changé. Que le temps n’est plus aux massacres à grandes échelles, notamment de la part de la France qui soigne son image auprès de l’opinion internationale comme la nation des droits de l’homme. Nous autres Algériens disons que les massacres se sont poursuivis sous d’autres formes. La Libye, la Syrie, le Mali sont autant d’agressions néo-coloniales aussi féroces. D’où la nécessité de ne jamais effacer la mémoire…
Par Nabil.G

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