EDITO

Ramadhan, tolérance et civisme

Il y a moins d’une dizaine d’années et au nom d’une volonté de se distinguer du reste de la société, des groupes de jeunes s’amusaient à rompre le jeûne en plein jour et sur la place publique. Ils mettaient leurs actions sur le compte de la liberté individuelle, garantie dans de nombreux pays, mais visiblement pas en Algérie. A l’époque, le pays n’était pas confronté aux tentatives de déstabilisations aussi ouvertement que ces deux dernières années. Le « combat » n’était donc pas assimilé à une volonté de provoquer des incidents et enflammer des régions, puis le pays tout entier. Mais c’était dans l’ère du temps et le Ramadhan était un combat récurrent pour certains activistes. On se souvient à l’époque que les «observateurs» prédisaient des ratonnades en règle contre les contrevenants à l’un des piliers de l’Islam. Dans la foulée les cercles hostiles à l’Algérie et qui travaillaient à en dépeindre un tableau noir prédisaient le pire. On évoquait même une possibilité de lynchage. Mais des actions publiques menées par des «anti-jeûne» ont été suivies par des actions «pro-jeûne». Il n’eut aucune goûte de sang de versée et les Algériens ont eu droit à un débat civilisé sur l’opportunité d’imposer ou pas la pratique du jeûne à l’ensemble de la société.
Au jour d’aujourd’hui, alors que le pays accueille le mois sacré du Ramadhan, la question ne resurgit pas. Posons-nous donc la question du pourquoi et du comment. La réponse est que contrairement à ce que disaient certaines mauvaises langues, les Algériens sont tolérants, puisqu’ils n’ont pas jugé nécessaires de perturber ces manifestations. On aurait pu voir des centaines d’énergumènes débarquer sur les lieux des manifs et les perturber. L’explication logique tient du fait que les islamistes radicaux n’avaient pas réussi à convaincre qui que ce soit pour mener une expédition punitive, comme ils le faisaient vers la fin des années 80 et au début des années 90. Il y a plus d’une dizaine d’années, les Algériens n’étaient déjà plus dupes. Ils savaient qu’en obligeant tout le monde à observer le jeûne, ils ne feraient que radicaliser ceux qui sont d’avis contraire. Ils s’étaient tout simplement réapproprié leur religion séculaire qui place la tolérance au centre de tout acte croyant. Entre temps, les Algériens ont enclenché un merveilleux mouvement populaire qui a changé la donne politique dans le pays, sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée. Ils ont confirmé leur niveau de conscience nationale.
En ce début du mois sacré, il est utile de souligner que le civisme rime avec la religion et que le souhait de tout un chacun est que ce civisme s’approfondisse encore pour l’intérêt suprême du pays et de la société.
Par Nabil.G

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