Le 17 octobre 1961, une date essentielle
L’Algérie a célébré, hier, les grandioses manifestions du 17 octobre 1961 à Paris et commémoré le massacre qui a suivi, perpétré par la police coloniale française. Les Algériens n’oublieront jamais l’exaltation du début de la marche et l’horreur nocturne qui a vu des policiers français tuer de sang froid des manifestants pacifiques. On a noyé des dizaines d’Algériens dans la Seine. Plusieurs jours après les massacres, on retrouvait encore des corps en décomposition le long du fleuve. Cette vérité historique, documentée par des archives et des témoignages très précis, a amené l’Etat français à reconnaître le crime d’Etat commis sur les Algériens, le 17 octobre 1961. Mais cette reconnaissance, du bout des lèvres, faut-il le dire, n’a pas connu les suites qu’elle devrait avoir auprès de l’opinion française. Cela donne à la droite et l’extrême-droite françaises de poursuivre leur propagande sinistre sur les prétendues bienfaits de la colonisation française en Algérie. Il faut dire que cette faune de politiques digère mal la vérité historique. Bien que les deux derniers présidents français n’aient fait qu’effleurer la responsabilité de l’Etat dans les nombreux massacres perpétrés durant les 132 ans de colonisation, les personnalités de droite se bousculent pour apostropher les chefs d’Etats qui osent voir la vérité en face. Ils leur opposent la prétendue responsabilité algérienne dans la guerre de libération nationale. Comme si l’acte colonial lui-même était, à l’origine, une demande de protection de l’Algérie. Les désormais anciens responsables politiques de l’Hexagone ne savent, en réalité, pas sur quel pied danser. L’institutionnalisation de la torture, le déplacement des populations, l’usage du napalm et les bombardements des villages durant la guerre d’Algérie et, plus loin dans l’histoire, les emfumades et les dépossessions des terres des Algériens sont autant de faits historiques. Tout le monde en France, de l’extrême gauche à l’extrême droite en reconnaissent la véracité, documents à l’appui. Mais cela n’empêche pas les Le Pen et autre Zemmour de vouloir y voir autre chose que ce qu’ils sont en réalité : des crimes contre l’humanité. Dans ce combat d’arrière garde, les nostalgiques de l’Algérie française ne courent pas après la vérité historique et ne cherchent certainement pas l’intérêt de leur pays. Ils tentent de se créer un espace politique, profitant d’une fragilisation de la situation socioéconomique en rejetant tout sur les émigrés. Et comme ces derniers sont majoritairement algériens, ils rajoutent des couches, histoire de contracter des alliances conjoncturelles à des fins strictement politiciennes. Et c’est justement cela le malheur de la France. Son personnel politique a toujours été corrompu par… la politique politicienne.
Par Nabil.G