Oran

Aïn El Türck : la mercuriale frise l’indécence !

Le terme mercuriale, qui désigne une liste de produits disponibles et leur prix, renvoie à la notion de « prix du marché ». Ceci pour la définition. Mais pour le consommateur d’Aïn El Türck, elle est synonyme de descente aux enfers, notamment à l’approche du mois de ramadhan.

En fait, il est à croire que la commune d’Aïn El Türck, relève d’une circonscription à part, qui n’obéit à aucune règle commerciale, tant la mercuriale des prix y est totalement différente comparativement à d’autres régions du pays, même celles limitrophes, pourtant distantes de quelques dizaines de kilomètres seulement. Eté comme hiver, la mercuriale du marché des fruits et légumes maintient son envolée, elle ne fléchit guère comme si sa trajectoire est vouée à être indéfiniment exponentielle, et résiste surtout à tout outil de contrôle. Les produits sont grossièrement majorés, plus qu’ailleurs, même là où il est déploré la cherté des prix.
Il suffit de parcourir une vingtaine de kilomètres en dehors de la ville d’Oran, pour trouver la pomme de terre à un prix oscillant entre 40 et 45 Da, au moment même où celle-ci est proposée à 70, voire 80 Da à Aïn El Türck. Qui fait envoler son prix ? Et qui le fixe surtout, si ce n’est la spéculation ? La laitue, la tomate, les haricots verts, l’oignon, sont en passe de devenir des produits de luxe, tant leur prix donne le vertige aux ménages. A la seule lecture des écriteaux portant les tarifs des fruits et légumes, le consommateur perd l’usage de sa langue. Si celui-ci s’aventure au rayon des fruits, la syncope est assurée.
Le prix de l’orange augmente chaque jour, la clémentine, à la forme d’ailleurs bizarroïde certainement en raison d’une longue période de congélation, s’affiche orgueilleusement aux alentours des 450 Da le kilogramme, la banane a, quant à elle, repris de la hauteur en dépassant la barre des 400 Da. Quant aux âmes sensibles et fragiles et particulièrement les femmes enceintes dont les envies alimentaires subsistent généralement jusqu’à l’accouchement, il n’est pas conseillé de lorgner du côté des fruits exotiques ou dits d’importation, dont les prix laisseront plus d’un, perplexe et carrément benoit. Leur présence sur les étals frise l’indécence, l’avocat à 1200 DA pièce, 1400 DA le kilo de kiwi, 500 DA la pomme Pink Lady, etc. Dans ce cas-là, il n’est plus question de flambée ou d’envolée des prix comme il est d’usage déclaré, mais carrément d’indécence, un acte contre le devoir et la bienséance et l’honnêteté, à la limite de l’outrage envers les citoyens.
La mercuriale des prix doit être comprise comme un répertoire des prix admis et acceptés par l’administration et le consommateur. Sauf que celle-ci, a une autre signification dans la commune d’Aïn El Türck, qui ne colle à aucune réalité ni à aucun principe. La loi du marché de l’offre et de la demande y est complètement bafouée. A quelques semaines du mois sacré, beaucoup de familles sont déjà dans le dur.
Karim Bennacef

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