Oran

Boulevard Front de mer d’Oran : emblème de la ville et prestigieux lieu de promenade

Du pas paisible d’un promeneur, les adeptes de la badauderie du soir d’autrefois, sur le prestigieux boulevard du front de mer d’Oran, jouissaient admirablement de beaucoup de savoir vivre qui rimait parfaitement avec l’élégance.

Il s’agissait en fait d’un certain rituel accompli régulièrement après le crépuscule notamment dans une ambiance conviviale, en famille, entre amis ou encore des jeunes accompagnés de leurs fiancées. Ces promeneurs ne se lassaient jamais de la contemplation de l’époustouflante vue qu’offrait, à partir du balcon du front de mer, le coucher du soleil au-delà du port à l’horizon. Chacun commentait, selon ses connaissances, ce spectacle féerique de la nature.
Rares sont ceux, aujourd’hui, qui savent apprécier à sa juste valeur cet agréable au regard du contemplatif ou donnent leurs avis sur le pourpre, qui teinte à la tombée du soir le mont Murdjadjo surplombant le port. Une halte au niveau des crèmeries et autres salons de thé, qui jalonnaient ce boulevard, faisait également partie de ce rituel observé dans la même ambiance de gaieté. Certains poussaient leur flânerie, une promenade digestive pour beaucoup d’entre eux, jusqu’au jardin Petit Vichy, situé à la naissance de ce boulevard. D’autres préféraient faire demi tour à hauteur de la minuscule placette, baptisée la Punaise, à mi-chemin dudit jardin, qui a malheureusement perdu de sa splendeur d’antan et ce, en se transformant piteusement, dans une insolente indifférence des uns et des autres, en un lieu de rencontres et de beuveries pour les marginaux de tous bords.
Le front de mer demeure, contre vents et marées, l’une des plus belles promenades d’Oran, dominant le port et offrant près de deux kilomètres de flânerie. Passage obligé du touriste et de familles venues de différentes contrées du pays, le boulevard du front de mer est devenu l’emblème de la ville. Il importe de signaler que c’est l’abbé Lambert 33e maire d’Oran (1934-1941) qui a entrepris sa construction. C’est toutefois bien avant en 1891 qu’Emile Cayla, ingénieur génie civil et maire d’Oran à cette époque, avait prévu la construction d’un grand balcon urbain en s’inspirant de la promenade des Anglais de la ville de Nice. Il avait imaginé un boulevard de 2650 mètres de longueur et 14 mètres de largeur, croisé par dix voies transversales, mais le conseil municipal a dû renoncer au projet, car estimé trop coûteux. Le plan du boulevard veillait à répondre au principal objectif, de relier la vieille ville aux hauts quartiers. Sa construction a nécessité le comblement des ravins, celui de la Cressonnière, qui fut ensuite aménagé en une place, Lyautey (actuellement Place Port Saïd) et celui de la Mina, qui fut aménagé en place de la Punaise.
Il a également fallu mettre en place des viaducs aux fondations très profondes, des pieux coulés dans le sol, d’une profondeur allant de 7 à 18 mètres, car le sol argileux dans certains endroits avait besoin d’être renforcé. Le front de mer d’Oran demeure incontestablement l’un des paysages les plus pittoresques et incontournables d’Oran.

Rachid Boutlélis

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