EDITO

A qui servira l’Intelligence artificielle?

Guerres à Ghaza et en Ukraine, famine annoncée dans certaines contrée africaines pour cause de sécheresse, dérèglement climatique qui provoque d’immenses dégâts un peu partout sur la planète. A la lumière de cette liste «stressante» on pourrait penser que l’humanité vit des heures très difficiles. Mais les experts en économie, en géopolitique, dans l’environnement et sur les questions sanitaires, prévoient d’autres guerres, pandémies et des catastrophes naturelles de plus en plus violentes.

Tout cela est certainement le fait d’une activité humaine non contrôlée, axée exclusivement sur le profit immédiat. Mais même ces prévisions pessimistes ne complètent pas tout le spectre des mauvaises nouvelles. Il en est une de nouvelle qui peut paraître très bonne, mais exigera à l’humanité de payer un lourd tribu, en changements majeurs de comportements socio-économiques. L’on verra des pans entiers des sociétés du monde se laisser distancer, déclasser et finir dans une sorte de cloque de l’histoire.

Cette bonne-mauvaise nouvelle n’est autre que l’Intelligence artificielle. Son développement à court et moyen terme révolutionnera le marché du travail. Une récente étude, sérieuse et bien documentée, estime que 40% des emplois dans le monde seront touchés. En d’autres termes, des dizaines de millions de travailleurs devront s’adapter et d’autres laissés sur le bord du chemin. Et pour cette révolution qui s’annonce, ce sont les emplois qualifiés qui seront concernés.

Le rapport publié par le FMI note que l’IA pourrait accélérer les inégalités salariales, avec un effet négatif tout particulier sur les classes moyennes, alors que les salariés disposant d’ores et déjà de hauts revenus pourraient voir leur salaire augmenter plus qu’à proportion du gain de productivité que l’IA leur permettrait d’assurer.

Il est donc admis par le gendarme financier du monde que les disparités qui sont déjà révoltantes, en raison de la financiarisation excessive de l’économie, passeront de nouveaux caps. Ainsi, les oligarques mondiaux qui gouvernent la planète trouveront d’autres moyens pour se renforcer. C’est en tout cas, ce que dit le FMI qui présage un avenir peu radieux pour la majorité des êtres humains alors que raisonnablement, on devrait applaudir à cette nouvelle révolution, dont on est en droit d’attendre une forme de libération de l’individu. Et comment la patronne du FMI propose de solutionner l’équation ? «La vraie question sera de mettre de côté les craintes liées à l’IA pour se concentrer sur comment en tirer le meilleur avantage pour tous». C’est exactement ce que disent les puissants à la veille des révolutions industrielles et technologiques. La suite on la connaît : plus de guerre, plus de famine et plus de souffrance. Cela parce qu’à chaque fois on évite de mettre l’Homme au centre de l’équation. Pour les puissants, c’est une variable d’ajustement.
Par Nabil.G

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