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Ali Bey Nasri à propos de l’Accord d’Association Algérie-UE:
«Il faut revenir à l’esprit du processus de Barcelone»

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné dimanche dernier lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidé, des instructions pour réviser l’accord d’association signé en 2002 entre l’Algérie et l’Union Européenne et appliqué depuis le 1er septembre 2005.

Le chef de l’Etat a appelé à revoir les dispositions de l’accord d’association «clause par clause», en fonction d’une vision souveraine et d’une approche «gagnant-gagnant».
Commentant cette décision, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL), Ali Bey Nasri, a affirmé que l’accord n’a pas été suffisamment négocié et contient des contradictions. Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III, le président de l’Anexal a indiqué que le rapport s’est limité seulement au volet commercial, déplorant le «le verrouillage» du secteur agricole par l’Union européenne. «Ce sont des secteurs qui ont été pratiquement verrouillés par l’UE», a-t-il déploré, affirmant qu’il y a des erreurs d’appréciation dans certaines clauses.
Il a souligné l’existence d’erreurs d’appréciation notamment l’abaissement du taux moyen pondéré des droits de douanes, qui était de 32% avant l’accord. «Cette moyenne a été réduite à 18% après l’accord, or, généralement, lorsqu’on va vers un accord, on a intérêt à augmenter les droits de douanes et non pas les baisser», a-t-il affirmé.
Donnant plus de détails, sur le contenu de l’accord d’association, le président de l’ANEXAL a affirmé que les articles 11 et 40 de l’accord permettent, lorsqu’il y a des difficultés graves de la balance des paiements «et nous sommes en plein dedans, l’Algérie peut demander des mesures de sauvegarde».
Il a rappelé que l’Algérie a demandé, en 2010, après la crise des subprimes et le baril était à 37 dollars, un réaménagement de l’accord sur 3 ans qui concernait 1054 produits industriels et 37 positions tarifaires dans les parties agricole et énergétique. «Mais cela n’a pas suffi, car nous n’avons pas su mettre en place une économie et une industrie permettant de passer à l’offensive», détaille l’intervenant.
Pour le président de l’Anexal, l’accord n’a pas réglé les équilibres concernant plusieurs volets. «Même si le préambule de l’accord stipule que les relations doivent être équilibrées, comment peut-on équilibrer les relations entre un pays en voie de développement et la première puissance économique du monde qui est l’Europe, premier exportateur mondial ?», s’est-t-il interrogé lors de son intervention sur la chaîne III. Il a affirmé que l’accord d’association avec l’Union européenne profite à quatre pays. Il s’agit en premier lieu de la France, 25% des importations algériennes sont d’origine française. Viennent ensuite l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Ces 4 pays totalisent 72% des exportations européennes vers l’Algérie. Toute remise en cause de l’accord touchera d’abord ces 4 pays européens avec à leur tête la France.
Dans le même contexte, le président de l’Anexal a affirmé que la nouvelle politique économique de l’Algérie exige des relations équilibrées avec l’Union européenne. «Il faut que l’UE comprenne que c’est une nouvelle Algérie, avec une nouvelle politique économique à tracer et qui exige des relations équilibrées dans le cadre d’un réel partenariat, non pas une simple relation client vendeur», a affirmé l’intervenant. Et d’ajouter : «L’Algérie a fait une erreur », estime l’expert, qui explique qu’en allant vers l’UE, l’Algérie s’est disqualifiée de l’OMC. L’idéal aurait été de négocier avec l’OMC, l’UE étant partie intégrante de l’organisation».
M. Bey Nasri a enfin recommandé de «revenir à l’esprit du processus de Barcelone, dont l’objectif est de consacrer l’espace méditerranéen comme un espace de paix, de stabilité et de prospérité».
Samir Hamiche

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